Le but de la présente "JAUGE A RESTRICTIONS" est de définir un bateau :

Fermé à toute recherche de supériorité matérielle pour garantir aux régatiers une stricte et durable EGALITE DES ARMES.

Selectif pour les coureurs chevronnés et démonstratif pour les débutants : le rapport voilure / déplacement permet de valoriser les habiletés de réglage et la finesse de barre, loin du mur de la vitesse critique pour une gamme de vents élargie.

De coût limité : nombre de coques " M " anciennes peuvent atteindre aisément l' optimum de la jauge; la voilerie est limitée à trois pièces et un seul mât peut être gréé. Enfin le budget "recherche et développement" est inexistant.

Les "Jauges"

Le terme , d'usage aujourd'hui généralisé dans la voile sportive , est un héritage des pratiques douanières : la jauge d'un navire est une mesure de son volume interne ( et non de son poids ou déplacement ) utilisée comme assiette des taxes qu'il acquitte dans un port .

Aux origines du sport de la voile , cette dimension commode parut représentative de la taille , et donc des capacités de vitesse des bateaux.

Mais cette jauge dite " à une dimension " montra d'évidentes insuffisances qui conduisirent à substituer la longueur au volume en y incluant la surface de voilure ( jauge à deux dimensions , 1860 et actuelle jauge " M " ) .

L'acharnement naturel des architectes navals à exploiter la formule pour faire passer leurs créations pour plus lentes qu'elles n'étaient conduisit à la jauge à trois dimensions ( longueur , voilure , déplacement ) .

Une illustration lumineuse de cette confrontation entre jaugeurs et architectes nous est fournie par les élancements ( étrave et voûte ) des bateaux de la Jauge Internationale : la longueur étant mesurée en flottaison statique , la gîte immergeant les élancements augmentait sensiblement la longueur utile et , partant la vitesse de carène , " gratuitement " (voir le chapitre relatif à la longueur).

Aujourd'hui , plusieurs dizaines de paramètres sont pris en compte pour l'évaluation du potentiel de performance d'un bateau de course .... sans qu'ait pu être élaborée la formule parfaitement représentative . Mais ceci est une autre longue histoire ... Pratiquement, la confrontation équitable de voiliers dans une compétition se fait suivant deux grandes familles de classement.

Deux grandes familles de classement

1 - Les bateaux sont admis comme suffisamment semblables pour courir EN TEMPS REEL.

Ce sont :
les jauges monotypes : tous les bateaux sont rigoureusement identiques , à quelques infimes tolérances près . Cette exigence permet le tirage au sort des unités avant une régate ( " Match Racing " et certaines séries aux J.O. ) .

Les jauges " à restrictions " : tous les facteurs de vitesse sont étroitement encadrés par maxima et minima , Quelques libertés architecturales mineures sont accordées ( EX : jauge " DM " ).

Les jauges à formule : un rapport chiffré entre " ce qui pousse " et " ce qui freine " doit être obtenu par l'architecte qui dispose de quelques latitudes d'arbitrage entre paramètres . Exemple : le plus grand nombre des compétitions auxquelles est destiné le bateau se déroule sur des plans d'eau très ventés : l'architecte consentira une diminution de la surface de voilure au profit d'un allongement de la flottaison.

Les compétitions ne confrontent pas seulement les équipages mais des parti-pris conceptuels impliquant une vaste débauche de matière grise .

Les plus connus de ces bateaux sont les 12 M de la Jauge Internationale qui ont disputé la Coupe América dans les décennies d'après-guerre ( 12 est la valeur du rapport entre les paramètres . M signifie leur chiffrage en unités métriques . Ce qui n'a aucun rapport avec la longueur physique du bateau : un " 12 mètres " en mesure une vingtaine ) .

Appartiennent à cette famille les séries de la Jauge internationale ( 5,5 / 6 / 8 / 12 M ) et la classe América . En voile R/C , les "Classe 10 " étaient les seuls représentants du genre .

2 - Les bateaux sont de types et de longueurs diverses , excluant tout classement en temps réel qui est alors affecté d'un coefficient de HANDICAP pour fixer un " temps compensé " , seul pris en compte .

La grande majorité des courses au large sur monocoque et en équipage est réglée par ce système.